16/06/2015

Timothée au sommet du Piton des Neiges - Récit d'Ombeline

19h, fin de la journée de travail… je rentre calmement à la maison…. Roooo mais non pas du tout !!!!!!!!!! Pas ce mercredi là ! Ce mercredi 13 mai c’est…

19h, fin de la journée de travail, je me presse un max, je monte dans ma voiture et fais le rallye jusqu’à la maison ! Lionel arrive quasi en même temps. Hop, on charge la titine de tout le matériel nécessaire au bon déroulement de notre prochaine aventure et hop on y va. On dépose Sauvanne chez la famille Vitry qui nul doute prendra soin de notre fille les heures prochaines (merci).

La route de Cilaos est tumultueuse et aura raison de mon Yop coco et gateau millet englouti rapidos dans une station service en montant !!! Un Piton des Neiges à jeun… hummm pourquoi pas !!!

21h30 on arrive au pied du Bloc. Certains accompagnateurs sont déjà là : Thibaut, Florent, Dominique, Gilbert,… Hervé qui immortalise l’instant avec Pascal et Pierre.

Le camion des parents de Timothée également est garé. L’excitation de l’aventure commence à prendre le dessus. Un léger brouhaha nous entoure entre les « bonsoir, ça va ? T’es prêt ? Qu’est ce que je peux faire ? » etc  Je tente de me concentrer sur nos sacs, sur le matériel à avoir. Il faut tout prévoir même si on n’utilise pas la moitié, il faut tout prévoir quelque soit la météo, il faut tout prévoir tout prévoir tout prévoir. Je me ressasse cela sans cesse, « Est ce que t’as tout Ombe ? »

Les différents tests sur le terrain ont validé un portage en particulier mais nous amenons toutes sortes de choses qui pourraient servir en cas de besoin. Pascal portant Timothée et son eau. Nous nous dispatchons le reste du matos : vêtements chauds, duvets, vivres, matériel de pharmacie, bâche, …  Ca y est, tout semble être bon.

Maintenant direction Timothée. Il est tout sourire dans la voiture. Je pense qu’il sait qu’il va vivre une superbe aventure et il doit certainement être excité lui aussi ! Allez, on l’allonge et on le glisse dans le sac ! Seb et Pascal ont la main désormais pour cela!

Je me rappelle encore la toute première fois qu’on a mis Timothée dans le sac… des minutes de galère pour le glisser et tout ça pour se rendre compte finalement qu’on avait mis le sac à l’envers !!! (fou rire général)

Mais là nickel, on vérifie qu’aucun frottement et autres ne le gêne. On lui demande, il nous répond clairement. C’est top. Rien n’est laissé au hasard sur sa posture car on ne part pas pour 5 minutes… faut qu’il soit le plus confortable possible et on lui répète encore et encore (il devait se dire mais il me prenne pour un idiot, j’ai compris !) de nous prévenir à la moindre chose gênante. Car ce qui peu paraître anodin pour nous peut vite devenir un calvaire pour lui et ce n’est vraiment pas le but. On vérifie également qu’il soit bien couvert et qu’il ai tout dans nos sacs pour la fraîcheur » du sommet ! Il affiche un large sourire, ça fait plaisir.

Je laisse un peu les garçons et retourne vers l’équipe et les accompagnants venus partager un bout de l’aventure à nos côtés. Rappel des consignes. Tout est ok.

Tout le monde sait que Pascal peut avoir une défaillance physique qui fait qu’il ne pourra porter Timothée jusqu’au sommet (même si cela devait être loin des pensées du porteur à ce moment là)
Tout le monde sait qu’au moindre retour « négatif » de Timothée, nous ne continuerons pas.
Tout le monde sait que deux grandes pauses sont programmées : une à Matarum, une au gîte de la Caverne Dufour afin de sortir Timothée du sac, de l’allonger, le masser et autres. Pour qu’on se corps récupère (et Pascal aussi) et que d’autres arrêts sont possibles suivant les ressentis de Tim’.
Tout le monde sait que si la météo se gâte, nous ne pourrons atteindre l’objectif car Timothée est vraiment fragile face au froid et on ne peut se permettre qu’il tombe malade.
Tout le monde est chaud bouillant pour l’aventure !!!

Je retourne voir le binôme, ils s’amusent avec les personnes les entourant. La bonne humeur est là.
Entre 2 blagues, je rappelle à Pascal que tout est ok côté matos, que tout est ok côté « Team Oté » et que d’autres nous rejoindront plus haut, partant de Mare a Boue.

Une pesée du binôme, une photo souvenir avec tout le monde (ou presque) au pied du Bloc et c’est parti. Il est 22h30.

A peu près la même heure de cette fameuse soirée où alors qu’on parlait de voir comment préparer la Grande Traversée des Alpes qui aura lieu fin juillet prochain au milieu de la conversation et sorti de nulle part si ce n'est du fond du cœur, j’entends : « J’amènerai bien Timothée au sommet du Piton des Neiges pour qu’il voit les couleurs du lever du soleil !»  Euhhhhhhhhh….. petit blanc de mon côté….. je me demande au fond de moi, qu’est ce qu’il raconte encore ?!!! « Comment ça » « Ben sur mon dos comme lorsqu’on fait du Modmul » (modmul = entraînement où Pascal me porte sur son dos et réalise des montées/descentes en marchant) Euhhhhhhhhh…. Oui pourquoi pas sauf que Timothée ce sera moins simple, le piton des neiges, c’est pas nos p'tits aller retours de Piton Babet, et ce serait sûrement dangereux. Et lui, « oui je sais mais j’aimerai bien lui montrer ça ». Quelques mois plus tard, nous y voilà !!!!! Mon homme est fou !!!! Mais quand on y croit, on y arrive ;-)

Nous sommes donc  là dans la montée du Bloc, avec nos frontales. Gilbert et moi ouvrant le marche, le groupe suivant le binôme. Ca parle de tout et de rien. L’ambiance est bonne. Pascal enfile les marches les unes après les autres. Le rythme est bon, je m’inquiète qu’il soit parti trop fort mais le bougre, il se connait et il sait qu’il a une grosse responsabilité sur le dos et ne s’amusera donc pas à faire n’importe quoi. Un fou censé ?

Matarum pointe déjà son nez. C’est la pause. Tout le monde se met au chaud. On installe le nid douillet de Tim’ puis lui.
Il a toujours le sourire et profite de ce petit moment de répit. Séb son père est à ses côtés. L’image est belle. Je demande à Pascal en t shirt ce qu’il veut pour se couvrir, lui en nage de l’effort me dit « non c’est bon j’ai pas froid », j’insiste un peu car perso il faisait pas trop chaud, il enlève donc son t shirt trempé pour un manches longues. 45’ de pause, ça grignote ça papote et hop rebelote. On re équipe Timothée, on vérifie qu’il soit bien. Il nous dit ok. On y retourne.

Dehors, le temps s’est légèrement gâté. Une farine comme on dit ici. Aux avants, je préviens Pascal de la suite du terrain même s’il connait bien les lieux « attention gros passage de marches » « attention ça glisse » « attention la tête de Timothée » «  passage serré » « tu vas pouvoir récupérer, faux plat » «et bien sûr les « Allez cœur » « c’est super » « accroches toi » « souffles bien » et les « Ca va Timothée ? » « t’as pas froid ?» « tout est ok ?» « Tu nous le dit si y’a un truc qui va pas ».
La bonne humeur continue de nous accompagner et le ballet de frontales continuent son ascension, trop beau. Sans oublier les différentes vues de Cilaos by night. La classe.

Le temps se gâte encore… nous arrivons au gîte. Les consignes avaient été données au départ. Etre le plus discret possible pour ne pas déranger les personnes dormant au gîte. Consignes suivies. Merci les gars. De nouveau, le « lit » de Timothée est prêt : tapis de sol et sac de couchage sur la table. On le sort, on l’installe. Son père est toujours aux petits soins.
Une nouvelle pause de 45’ sauf que cette fois, ce fut beaucoup plus calme ! Si ce n’est le concert de ronflements !!!   Thibaut étire et masse Pascal. Puis tout le monde se pose les yeux fermés. Ding dong, on se réveille. Je chuchote doucement aux oreilles de Pascal qu’il faut y retourner si on veut voir le soleil se lever au sommet. Dehors la météo est loin d’être au beau fixe. Je demande à Pascal d’enfiler un long pour le bas et de s’armer également en haut. Il craint d’avoir chaud rapidement car une fois Timothée sur le dos, ce ne sera pas au milieu du vent, de la fine pluie et du froid qu’on le posera pour enlever une couche !!!
Une fois équipé, comme toujours il prend le soin de vérifier que du côté de Timothée l’équipement est également là. Lui ne bougeant pas, il faut absolument qu’il soit au chaud, que sa position soit confortable etc.  Ce sont les conditions à la réussite de ce pari fou.

Je voie au regard du binôme une sensation de « allez, c’est la dernière ligne droite, on y va ensemble » Quel courage et hargne ils ont. L’un comme l’autre, ils m’épatent. Aucun ne s’est plain de quoi que ce soit jusqu’à présent. Ils y croient. Le but est « bientôt », je ne les voie pas lâcher pour les derniers mètres d’ascension positive.
Nous repartons pour la « destination finale ». Le terrain est vraiment plus technique désormais (les connaisseurs pourront vous confirmer). Pascal tient les pieds de Timothée pour ne pas qu’ils heurtent les rochers et autres.

En test, on avait bien tenté de les lier aux cuisses de Pascal mais cela lui faisait rapidement mal aux chevilles donc Pascal avait fait le choix de les tenir lui-même pour évier les ballotements et donc le risque de cogner quoi que ce soit. 
Lionel et moi ouvrons la marche. Le terrain technique, l’effort physique, l’altitude, la fatigue, la météo…  pour la première fois, je sens que Pascal est dans le dur. Je ne cesse de le pousser par des mots d’encouragements. Je ne cesse de tendre l’oreille aux sensations de Timothée qui lui aussi est super fort de braver tout cela ! Entre la pluie et le vent glacial, il nous dit qu’ouvrir les yeux lui fait mal… inquiétude… « garde les fermés pour l’instant et dis nous si c’est mieux ». Et voilà notre Timothée qui s’assoupit !!!

Pascal continue de gravir la montagne, les choix de passages ne son pas aisés, le terrain est très accidenté et glissant par portions. Nous sommes toujours dans la « bouillasse ». Je m’inquiète un peu. « Quelle météo fera t il en haut ? » « Timothée ne va-t-il pas attraper froid » Je demande à Lionel si le sommet est encore loin car je sens que ça devient difficile. Mais lorsque je me retourne d’un côté, je voie Pascal qui continue d’avancer, de parler de tout et de rien dont tout de même le fait qu’il sent que son effort est réalisé en altitude, de l’autre, je voie Séb’ qui veille à la température aux extrémités de Tim’ qui s’est réveillé, je réalise que tout est ok, leur détermination l’emportera et je me dis c’est bon on y va. Ils vont le faire ces fous !
Quelques minutes plus tard, nous passons enfin au dessus des nuages et pouvons observer les étoiles. Yes !!! Une fois arrivé sur la partie en scories, signe d’arrivée imminente au sommet, Pascal sous euphorie se met à courir et vite ! Nous avons du mal à suivre ! Cet homme est fou et Timothée est également tout excité d’être là à courir sur le toit de l’Océan Indien à 10 ans ½ ! J’observe tout le monde, la joie est là, c’est juste incroyable.

Pas de répit, l’équipe prépare une nouvelle fois le nid douillet de Tim’. Bâche, duvet, et tout et tout. On se serre car il caille, on reprend des forces et nous posons là, le regard au loin où nous apercevons déjà une belle lueur. Seb enlace son fils.

Plusieurs minutes plus tard, le soleil point le bout de son nez. On savoure. Pas de mots. On palpe les émotions de Tim’ et son papa. C’est fort. C’est intense. C’est la vie à l’état pur !

Je suis trop fière de Pascal qui a réalisé cette ascension pour montrer à Timothée à quoi ressembler un lever du soleil avec son ballet de couleurs si énergétique.  Depuis le temps qu’il y pensait, c’est fait ! Petit bonheur de la vie. Il n’en faut pas plus.

Lever de soleil fait, on essaie de récupérer tant bien que mal des degrés via les rayons… d’autres ont opté pour un café bien chaud ! Oui oui, on avait aussi apporté le réchaud !!!
Puis dans un laps de temps très court, la météo s’est de nouveau dégradée : vent glacial et fine pluie. Ni une ni deux, on re équipe Tim’ le plus vite possible et sur le dos de Pascal ils commencent la redescente. On range tant bien que mal tout le matos avec nos mains grogies par le froid.
L’aventure n’est pas finie, il faut rester vigilant. On l’avait prévu avec Pascal, la redescente serait le plus dur, surtout pour ses quadris !

Finalement, ça a l’air de passer plutôt pas mal même avec les passages techniques. Il faut toujours qu’il maintienne les pieds ballotant de Tim’ mais ça a l’air d’aller. Il tient le coup ce fou et Timothée aussi. La pause au sommet et le jour fait du bien à tout le monde. Et avec ça, plus on descend, plus le temps s’améliore.  On arrive au gîte. La pause s’impose ! On sort une nouvelle fois Timothée du sac, un café, un chocolat, un thé suivant chacun. Ca rigole de tous les côtés, quel plaisir de vivre ça et de partager ce moment entre amis. Timothée est également en grande forme.

Cette fois, c’est un grand ciel bleu et aucun doute qu’il nous accompagnera jusqu’au pied du Bloc. La descente se poursuit. Musculairement, je sens mes cuisses et mollets alors j’imagine pas du côté de Pascal… mais à chaque fois que j’observe le binôme, les deux sont tout sourires, ça papote, ça blague,  ça chante (brièvement, merci Timothée d’avoir mis fin à la carrière de chanteur de Pascal pour nos oreilles).

Pascal en bon accompagnateur en montagne explique à Timothée diverses histoires de volcan et autres qui font que la géographie réunionnaise es ainsi désormais.  Nous sommes toujours à l’écoute du binôme car l’air de rien, leurs corps commencent à sentir l’épreuve qu’ils réalisent. A Matarum, la courte pause servira à Timothée et Pascal de bénéficier d’un nième massage de Thibaut.

Zou dernière ligne droite. Les zigs zags sentent bon, nous avons désormais vu sur Cilaos by day !
Plus on descend et plus je réalise ce que ces 2 bonhommes ont fait ! Incroyable.

Au pied du Bloc, la famille de Timothée et quelques amis nous attendent.

On sort Timothée du sac, l’équipe profite d’une ravine pour se laver, la troupe se ravitaille, relate l’aventure, se remémore déjà des passages précis…  Fous rires et sourires sont présents.

Joie de vivre.

Ca y est, c’est fait pour de bon. 
Un aller retour au sommet du Piton des Neiges de Pascal et Timothée sur son dos !  

Respect les gars !

Crédit Photo: O.Blanc

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Magnifique !
Beaucoup de respect pour: cette aventure, ce courage , cette force portée par l'amour pour l'autre et bien-sûr pour Pascal Blanc et toute l'équipe ! Bravo à Timothée !
L'homme est aussi capable du merveilleux et c'est bon de le voir..

Ingrid

Michèle a dit…

Respect Pascal ! Je suppose que cet enfant est malade et vous lui avez offert un cadeau extraordinaire.