01/02/2013

RunTrip 2013 - Récit - 1er jour

Le réveil sonne. Un étrange sentiment parcours mon esprit. Un goût de déjà vécu. Peut-être lors de la rentrée des classes pour la "grande école" lorsque j'étais enfant, partagé entre l'envie de découvrir un nouveau monde et l'angoisse de l'inconnu.
 

Ce matin, je pars courir 440 kilomètres avec 26 kilomètres de dénivélé positif dans des sentiers exigeants. J'ai dit à tout le monde que je le ferai, moi qui n'ai jamais couru plus de 170 kms ! Me voilà au matin de ce défi fou, à la découverte de mes capacités, suis-je prétentieux? Ai-je pris la mesure de ce que j'annonce réalisable depuis des mois ?
 

Malgré le fait que toute l'équipe soit à la maison, je reste centré sur moi, en moi, prenant conscience de la vie, de la nécessité de son équilibre.
 

Les considérations matérielles reprennent le dessus et le petit déjeuner partagé avec mes amis venus pour m'aider à relever ce défi à une saveur particulière. Nous partons tous vers la nouveauté avec son lot de questions, de curiosités et d'angoisses.
 

Ombeline est impressionnante de maîtrise. Rien ne lui échappe, c'est grâce à elle que cette tentative est réalisable. Je voudrais la soulager un peu mais je dois me concentrer sur mon défi.
 

Nous arrivons au point de départ du Runtrip, le Victoria Club de St-Joseph où déjà quelques passionnés nous attendent. Parmi eux, Wilfrid Oulédi est venu dans le but de m'accompagner sur les 80 premiers kilomètres.
8H00! Sébastien Henri, mon poto et podo pour la vie, donne le départ. Nous voilà parti en petites foulées avec Antoine Guillon et Wilfrid Oulédi avec qui on ne s'ennuie pas. Son rire ponctue nos foulées et quelques cyclistes équipé de GoPro immortalisent ce départ.
 

Je me concentre sur ma vitesse et mon économie de course pour partir dans le bon tempo. Je ressens mes os, mes muscles, mon coeur, mon diaphragme qui oscille calmement, avec souplesse. Ma course est limpide, naturelle, bénéfique. Ca y est, le rythme est donné. Je peux en profiter pour me détendre et jouir de l'instant présent. Je peux me charger de l'énergie qui émane des yeux de ceux qui m'accompagnent, de la force de l'eau de la rivière Langevin qui coule inlassablement le long de la ravine.

Déjà le volcan nous fait face et dresse des parois verticales maculées de laves acérées. Le soleil cuit notre peau, je suis heureux de partager ça avec Seb qui découvre la Réunion.

 
Le groupe, qui s'est étoffé depuis le départ (Pierre.B, Jean-Louis.R,…), s'étire. Sans doute, dans l'euphorie du départ, suis-je parti un peu vite ? Je lève le pied et laisse aux attardés le temps de revenir dans le groupe.

 

Ambroise.C et un dalon de sentier descendent à notre rencontre. Le cassé de la plaine des sables franchit, nous contemplons les couleurs des scories rouges et noires exaltées par un soleil au zénith. Ce paysage lunaire est toujours fascinant. Le  profil s'aplatit et le rythme s' accélère inexorablement sous le tempo de ces gravillons de pouzzolane qui croustillent sous nos pas.
Le long de la caldeira qui exhibe ses cratères, nous filons vers l'océan tout prêt de la coulée de lave 2007 dont on ressent encore la chaleur pesante qui remonte du sol.
 

Je surveille mes appuis dans cette descente technique et piégeuse du Tremblet. J'entends derrière moi quelques glissades et noms d'oiseaux mais reste concentré.
 

Nous rejoignons la route où Virginie et Patrick ont dressé le ravitaillement. L'équipe de Réunion 1ère  est venue nous accueillir ainsi que Freddy Thevenin, super coureur et être humain hors-norme dont je suis fier de dire qu'il est un ami. Seb traite une vilaine ampoule qui est déjà devenue gênante. Embêtant! Après avoir chaussé mes chaussures de route, nous voilà avec Freddy, Wilfrid et Phil à l'assaut de la route des laves.
Anse des cascades ouvre la porte du sentier du littoral jonché de branches et feuilles. Cela nous oblige à lever les pieds et dépenser beaucoup d'énergie mais la sérénité s'installe doucement. Le Runtrip est lancé et à Ste Rose, point d'arrêt pour Wilfrid , ma relaxation est totale.
 

Une nuit au coin du feu avec des vieux potes que l'on a pas vu depuis des années, c'est le décor de cette première nuit avec Antoine et Freddy. Notre progression, ponctuée de footing et de marche, est illustrée d'anecdotes, conseils et partages. Je suis de plus en plus serein et je cours comme je respire. Simplement, profondément, posément, régulièrement, tout ce qu'il faut pour s'inscrire dans la durée.
 

Arrivés à la Plaine-des-Palmistes vers 1h du matin, le comité d'accueil orchestré par Gilbert.V, Phil.R et Alain.B est dynamisant. Ombeline semble heureuse d'avoir un point d'appui important pour la logistique dans ce secteur.

 

Nous quittons enfin la route au bénéfice d'un superbe sentier orné de racines et de hautes marches de terre glissante pour nous élever vers le piton Textor. Le rythme est soutenu et la végétation endormie recueille à grosses gouttes l'humidité de la nuit.
 

Au sortir du sentier, le toit de végétation laisse place aux voix lactées. Grandiose et enivrant, le ciel clair qui couvre le piton de la Fournaise est d'une clarté exceptionnelle.
 
 
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Des vidéos du départ ici:

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