15/02/2013

RunTrip 2013 - Récit - 3ème jour

Ombeline me réveille.


J'ai l'impression d'avoir dormi une nuit. Je suis calme, mon diaphragme est détendu, un café, un macatia et le sourire complice d'Ombeline me remettent en route. Freddy s'est arrêté et je regrette de n'avoir pas pris plus de temps pour le remercier dans sa précieuse collaboration.


Mes pieds me font souffrir. J'ai l'impression qu'ils sont à vif mais rapidement je retrouve une foulée économique et déliée. Thierry Chambry et Lukas Garcia nous ont rejoins. Notre petit groupe file vers St-Denis au petit matin.Le rythme est excellent et l'ambiance festive. Dans ces endroits bétonnés et asphaltés, c'est la nature humaine qui est remarquable. J'observe avec plaisir les sportifs du petit matin venus désédentariser leur journée au bord de l'océan qui dans un bruit sourd roule et entrechoque de gros galets.

Avant de nous rendre aux sentiers, la Providence est l'occasion d'un ravito et d'un soin de cette ampoule qui m'oblige à modifier ma foulée. Un coureur m'offre, avec un plaisir certain, une aiguille de suture dont il ne cesse de vanter les qualités. La peau est épaisse et le liquide s'est considérablement épaissi. C'est après plusieurs essais que j'arrive à percer toutes les chambres de cette ampoule dont l'évolution m'inquiète. Le fil de suture la traverse. Je rechausse mes Moon Race puis part à l'assaut du Brûlé en compagnie d'une bonne dizaine de coureurs.
 
Le sentier est propre et nous conversons agréablement en tenant un bon 900m/h.
Le sentier de la Roche Ecrite en vue, je décide de piquer un somme de 30 minutes. Surprise! Lorsque je me réveille Eric Lacroix est là.

Nous échangeons quelques plaisanteries puis nous voilà reparti dans la Plaines des Chicots où règnent les tamarins centenaires. Leurs silhouettes fendent l'épais brouillard et je ne peux m'empêcher de les toucher. Chaque tamarin possède sa vibration, son histoire, une individualité, ce qui est rare dans une forêt où le ressenti identitaire est plus proche d'une conscience commune. Ici chaque tamarin ouvre son royaume, parfois forme un porche et ce brouillard épais qui s'installe dans ce silence criant renforce la personnalité de ces arbres qui semblent conter leur histoire dans leurs formes si différentes.

Qu'est ce qui se passe ? Antoine me rattrape et pense que je deviens fou! Je le rassure "j'ai besoin d'accélérer". Les crêtes de Dos d'âne, une vue qui plonge 1000 m plus bas. L'euphorie de ce moment de bonheur m'a commandé de profiter de bonnes sensations pour exprimer mes qualités de coureur et reprendre de l'amplitude musculaire afin de solliciter plus de fibres. Un aparté qui s'achève dans le discours de prudence d'Antoine. Le petit groupe se resserre pour nous amener à Dos d'âne, dernier bout de bitume avant Mafate.

Un ravitaillement royal et un accueil chargé d'émotions nous attend. Ombeline est toujours là, toujours souriante et attentive cependant, elle me semble être bien fatiguée. Une purée délicieuse fourrée de morceaux de jambon vient tapisser les parois de mon estomac qui apprécie l'effet alcalisant de la pomme de terre. Je m'isole pour 30 minutes d'un sommeil profond puis repars avec des coureurs frais, venus nous guider dans Mafate.

Que d'agréables surprises, la Réunion lé là!
 
Nous descendons vers Deux Bras. Je raconte à Seb que le bouquet de bambous qui nous fait face avec fierté est le symbole de la fin de montée de Dos d'âne qui parait interminable lors du Grand Raid.
 
La nuit tombe sur Deux Bras et j'ai une hallucination qui persiste de manière étonnante. Je suis parfaitement conscient que ce que je voie n'est pas réel et pourtant je reste là, ébahi devant ce chien noir et transparent de la taille d'un chameau qui danse et se cachant derrière un arbre, il m'observe ne sachant que faire!!!
Le sable appelle une sieste de 30 minutes, Antoine fait de même.

Je m'insurge contre ce mec qui m'emmerde avec ses histoires de Cilaos dont je n'ai que faire et le repousse avec vigueur. Il revient à l'attaque et je le menace... puis je me réveille ne comprenant pas où je suis. Il fait nuit, allongé dans le lit d'une rivière, il me faudra quelques secondes pour reprendre conscience. Seb a simplement essayer de me réveiller!!!

Dumile (cyclone de début Janvier) a emporté le sentier et les gros galets qui permettaient de passer la rivière à sec. Après douze traversées à mi cuisses luttant contre le courant,  je graisse mes pieds et profite de chaussettes sèches que me propose Vincent.H.  
 
Au menu le Grand Bénare 2400 m plus haut via le Maïdo par la Brêche, que du bonheur! Toujours a l'aise en montée, régulier à 900 m/h, nous atteignons rapidement la sortie. Sur la crête, le vent est froid et Ombeline n'a pas reçu le SMS d'Antoine qui signalait 3 heures d'avance! Je suis inquiet, pas question de sauter ce ravitaillement et de s'engager vers le Grand Bénare sans eau, ni vivre. Il faut attendre. Je cherche un trou pour me mettre à l'abri, une frontale vient vers nous... Jean-Louis Rivière est là, je m'installe au chaud dans sa voiture pour m'endormir. 30 minutes plus tard, Ombeline arrive avec Frédérique.J. Je m'allonge dans ma voiture, les jambes pliées, les rotules me font souffrir, je ne retrouve pas le sommeil, il faut repartir au plus vite!
 
 
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Une vidéo du côté de St-Denis ici par Antenne Réunion:
http://pascalblanc.blogspot.com/2013/02/runtrip-2013-reportage-antenne-reunion.html

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