07/02/2013

RunTrip 2013 - Récit - 2ème jour



 
Le jour se lève sur Mare à boue. Le petit déj’ nous attend au départ du sentier Kervéguen. Antoine donne quelques consignes à Phil qui va découvrir ce sentier magnifique puis part se reposer. Freddy, toujours d'attaque, intègre complètement l'équipe d'assistance et devient un atout précieux pour la réussite du Runtrip.


J'y suis, là, précisément où il faut que je sois, dans cette verdure grasse regorgeant de vie qui distille l'énergie en moi aux premiers rayons du soleil. Ma respiration est autonome, ma progression est limpide, la photosynthèse inonde tout autour de moi, la vie est belle.

Kervéguen atteint, je montre à Phil : Cilaos, le Taibit, le Grand Bénare. Il semble ravi, le temps est superbe et c'est sans impatience que nous arrivons au gite du Piton des Neiges et que nous descendons avec prudence la descente du Bloc.
Au bloc, le comité d'accueil est impressionnant puis nous filons vers l'église de Cilaos où le ravito est dressé. Sous l'ongle de mon gros orteil, une énorme ampoule est douloureuse et malodorante, j'appelle Seb et lui demande : que faire ? Il s'accroupit, réfléchit, me regarde en souriant et dit "Pouh, ça sent la patate!!!", un éclat de rire plus tard me voilà rechaussé, rassuré par le constat très pro de mon podo !!!

Au pied du Taïbit, c'est Seb qui prend le relais. Le sourire apaisant de Freddy est toujours dans mes pas. J'espère qu'Ombeline laissera le volant à un équipier pour se reposer un peu.

Toujours à 900-1000m/h, l'ascension de ce col qui ouvre la porte de Mafate est plaisante. Je me concentre sur ce que je vois, sur les conversations de mes accompagnants qui me divertissent. Je suis calme et heureux, les arbres sont chaleureux, la roche est chargée d'énergie solaire. Il me suffit d'impulser le mouvement et l'énergie ambiante entraîne ma progression. Osmose es-tu là ?

Marla nous accueille et nous rechargeons nos gourdes pour nous engouffrer dans la Plaine des Tamarins. Superbes, ces arbres semblent avoir des racines communes sous nos pieds, la conscience de cette forêt est puissante et d'un seul coup, d'un seul, je ressens une irrésistible envie de piquer un somme dans cette pelouse épaisse. Sans hésiter, sans attendre, je profite de cette aubaine et demande à Seb de me réveiller dans 15 minutes. Voilà l'occasion de tester ma méthode d'endormissement subit.
13 minutes plus tard je me réveille fringant et c'est avec délectation que j'arpente le col des bœufs. L'équipe de Co-médias, qui filme le Runtrip, nous a rejoint et les coureurs de Salazie sont venus en nombre pour nous accompagner.
Quel bonheur de partager ces moments avec ces athlètes qui vivent la montagne au quotidien. Leurs regards reflètent toute la puissance que les éléments déploient dans ce cirque majestueux. Je deviens hyper sensible à toutes ces perceptions en restant très lucide. J'ai l'impression de profiter d'une approche nouvelle, d'une sensibilité exacerbée.

Nous grimpons Bé Cabot en peloton dans la nuit et au sommet nous partageons un Cari Poulet qu'un coureur est fier de nous proposer. C'est excellent ! A n'en pas douter, l'homme est fin cuisinier et si je suis rétissant à manger un plat cuisiné pendant l'effort, l'excitation de mes papilles  m'autorise à profiter pleinement de ce repas de l'amitié.

Nous saluons nos amis puis, avec Antoine et Freddy, nous filons vers Dioré. Surprise, le sentier que j'avais emprunté en Novembre n'est plus. La végétation est ici reine et luxuriante et se moque bien des sentiers tracés par les hommes. Pour avancer, il faut flirter avec les branches et les grosses bibes qui tissent leurs toiles de préférence à hauteur du visage… Cherchant un sentier quasi inexistant, nous ouvrons tour à tour la voie noyée dans la verdure. Trempé par la pluie qui se renforce, le doute m'envahit. Je regarde mon GPS, navré de constater que notre progression est quasi nulle.

Moment délicat qui laisse des traces sur nos organismes éprouvés qui luttent pour garder l'équilibre en transperçant cet épais rideau de feuilles et raisins marrons qui s'accrochent comme pour nous retenir en ces lieux mystiques.

Epuisé, sous une pluie battante, nous faisons une pause à Dioré où je dors 30 minutes. Les jambes pliées dans la voiture, je suis mal à l'aise et n'arrive pas à dormir. Mes rotules sont en feu et je crie de douleur en somnolant. Il ne faut pas trainer, se remettre en route, allons allons.

Suit une longue portion de route au profil descendant jusqu'à Ste Suzanne où Thibaut, mon kiné, m'accompagne en vélo ainsi que quelques coureurs m'ayant rejoint. Freddy est toujours là. Il m'impressionne.

Les premières hallucinations accompagnent cette fin de nuit où les bananiers se transforment en spectateurs agitant des linges, les trottoirs deviennent de longs concombres de mer,… C'est dans un demi sommeil que je trottine sur l'asphalte qui me conduit vers le prochain ravitaillement et le petit matin. De nouveaux coureurs sont venus faire un bout de chemin avec moi, malgré la nuit et la pluie battante, merci.

Le sentier du littoral en vue, encore quelques pas pour arriver au kiosque où Ombeline a installé le ravito. Thibaut me masse puis je m'endors pour 30 minutes isolé par mes boules quiés et dans la saveur des mains d'Ombeline qui me borde avec délicatesse.


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Des vidéos de la partie du cirque de Salazie ici:
http://pascalblanc.blogspot.com/2013/02/runtrip-2013-videos-salazie.html 
 

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