26/02/2013

RunTrip 2013 - Récit - 4ème jour

Quelques coureurs sont là, dans la nuit, pour nous accompagner.
Fabrice Armand ouvre le chemin.
L'équipe est fatiguée et les fous rires sont omniprésents. Tour à tour, nous nous amusons des divagations de Seb, des théories fumeuses d'Antoine, l'ambiance est detendue... Pas pour très longtemps. Le Grand Bénare ne cesse de reculer et le jour qui se lève dévoile le gigantisme et la beauté du coeur de l'île. Séquence émotions!

Le terrain est très difficile. Rugueuse, la roche volcanique nue défie notre sens de l'équilibre et éprouve nos organismes déjà usés. Je me concentre et essaie malgré tout de rester économique et souple. L'équipe se relâche. Je suis obligé de faire le yoyo pour aller chercher de l'eau.
 
STOP !
Une mise au point est nécessaire !
 
"Il faut se concentrer les gars. Ca ne va pas, relayez-vous mais il doit toujours y avoir un gars avec moi !"
Je suis nerveux, la route est encore longue. Immédiatement, le relâchement est corrigé et chacun reprend son rôle à merveille.

Petit Bénare, Piton Rouge et ,enfin, le terrain devient plus clément. Cependant, rapidement les pistes jonchées d'arbres et de vignes maronnes nous font déchanter. Une dernière descente à 50% pour fusiller nos quadris et nous voilà au Plate St Leu, lieu de ravitaillement.

J’y refroidis mes pieds brûlants et meurtris. La chaleur est pesante.
 

Pieds après 350km...
Après une pose régénératrice, nous prenons la route. Simon Paillard m'accompagne en vélo et me propose régulièrement de l'eau pour me rafraichir. Je sens  le soleil cuire mes cuisses et mollets. Vivement Etang Salé les bains!
 
Oui mais voilà, nous sommes en été et sur la côte Ouest, la chaleur lourde est insoutenable à cette heure de l'après midi.
Beaucoup de monde, des photos, des discussions.
Je perds le contact avec moi-même. Je suis perdu, je ne me ressens plus, je n'ai plus conscience de tout ce qui me compose, je fuis.
 
Après 20 minutes de "public relation", il faut que je revienne en moi. Conscient de mes muscles, mes tendons, mes os, mes cartilages, mes organes mais comment faire avec cette nuée de gens qui veulent courir à mes côtés ?
 
Sur la piste cyclable, personne ne veut se discipliner et les vélos qui arrivent en face n'ont pas de passage. On frôle l'accident. J'accélère pour sortir de ce piège, la température monte, mes oreilles bourdonnent, ma vue se trouble, j'étouffe : c'est le coup de chaud!
J'attends avec impatience les passages à gué de la rivière Ste-Etienne pour me rafraichir mais la piste a été reconstruite. Il n'y a plus de passage à gué.
 
Je me sens trop fébrile pour me mettre à l'eau.
La nuit tombe mais rien n'y fait. L'hyperthermie s'installe lentement, profondément.
 
Nous arrivons au pied de la dernière ascension. J'ai besoin de me retrouver.
Je m'installe sur la table de massage. Ombeline me caresse le front, je suis en feu et tremble de froid. Je m'endors pour 30 minutes.  A mon réveil, les bouffées de chaleur alternent avec ce froid profond qui me glace, que faire? Comment repartir? Il faut trouver une solution.
Un coup de fil d'Ambroise "poche d'eau à température ambiante à la racines des membres !" et me voilà reparti en titubant des poches d'eau dans le cuissard et sous les bras !
 
Freddy nous a rejoint avec deux dalons pour finir avec moi.
Merci Mon Ami, Merci Mon Frère.
 
Epuisé, je lutte pour ne pas demander à Ombeline de rajouter une pose avant le "17ème kilomètre" mais je n'avance plus. Le souffle court, complètement hagard, il faut que je trouve d'autres ressources, j'ai besoin de me retrouver, de reprendre conscience et de repositiver. Ma tendre femme, exténuée elle aussi, redescend vers moi et installe la table de massage sur laquelle je m'écroule dans un sommeil profond de 30 minutes.
 
 
L'hyperthermie a laissé des traces.
 
Affaibli, je tente quelques trots qui ne tiennent pas longtemps. Je me résouds à avancer sans but de performance, avancer simplement en attendant le soleil. Voilà ce à quoi je vais me raccrocher, progresser en attendant la lumière du soleil.

Dans un état de semi-conscience, mes trajectoires sont imprécises mais ça avance!



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